Troubles dissociatifs: les avancées qui transforment la prise en charge

Découvrez les dernières avancées sur les troubles dissociatifs : diagnostic, neurosciences et nouvelles thérapies qui améliorent la prise en charge.

SANTÉ MENTALE

François CARLOT

11/16/20253 min read

2 silhouettes de visage imbriquées
2 silhouettes de visage imbriquées

Les troubles dissociatifs restent aujourd'hui encore parmi les phénomènes psychologiques les moins compris et étudiés. Longtemps flanqués d’idées reçues, ils ont souvent été sous-diagnostiqués voire même niés. Pourtant, ces dernières années, les connaissances ont fortement progressé : les approches thérapeutiques se sont modernisées, la recherche s’est accélérée et les professionnels comprennent de mieux en mieux l’expérience vécue par les patients. Ces évolutions changent profondément la méthode de prise en charge et le quotidien des personnes concernées.

Une conception renouvelée de la dissociation

La dissociation n’est plus considérée comme un épisode étrange isolé, mais comme un mécanisme adaptatif du cerveau face à des traumatismes intenses ou répétés. On reconnaît aujourd’hui qu’elle peut se manifester sous diverses formes :

  • dépersonnalisation,

  • déréalisation,

  • amnésies dissociatives

  • ou présence d’états du moi distincts, comme dans le trouble dissociatif de l’identité.

Cette précision permet de réduire les confusions diagnostiques, de renforcer la légitimité du ressenti des patients et d’orienter des prises en charge mieux ciblées.


Une reconnaissance clinique en progression

Nombre de personnes vivaient longtemps sans diagnostic adapté, faute de formation des cliniciens et d’outils précis. Ce contexte évolue : les classifications et les programmes de formation intègrent davantage la dissociation, et les consultations spécialisées se multiplient, même si elles demeurent géographiquement inégales.

Le résultat : des diagnostics posés plus tôt, des explications plus claires et un accompagnement mieux adapté.

Des thérapies structurées et centrées sur la sécurité

La prise en charge s’appuie aujourd’hui sur des protocoles structurés qui privilégient la sécurité émotionnelle.

La thérapie en trois phases est devenue une référence : stabilisation (renforcement des ressources, réduction des crises, compréhension des mécanismes), traitement des traumatismes (EMDR, IFS, thérapies sensorimotrices, approches psychodynamiques adaptées) et intégration (amélioration de la coopération interne et cohésion psychique). Ces étapes respectent le rythme de la personne et la présence d’états internes différents, rendant la psychothérapie plus sûre et plus efficace.

L' apport des neurosciences

Les études en imagerie cérébrale révèlent lorsque surviennent des épisodes dissociatifs des modifications apparaissent dans les circuits liés à la mémoire traumatique, dans les mécanismes de protection du cerveau et dans les régions responsables de la perception du soi.

Ces résultats confirment que la dissociation relève de processus neurologiques réels, ce qui consolide la crédibilité des personnes concernées et oriente les interventions cliniques.

Le numérique comme accompagnement quotidien

Des applications et outils numériques complètent désormais le suivi : exercices de grounding et de respiration, suivi des symptômes, repérage des déclencheurs, ou facilitation des échanges avec le thérapeute. Ils ne remplacent pas la thérapie, mais offrent un soutien pratique, discret et régulier qui peut alléger le quotidien.

Une prise en compte du vécu plus humaine

La parole des personnes concernées gagne en visibilité et influence le regard social. Pairs aidants, groupes de parole et structures collectives aident à rompre l’isolement, à échanger des stratégies et à réduire la honte. La relation thérapeutique devient plus collaborative, et valorise maintenant autant l’expertise de vie que l’expertise clinique.

Des progrès réels mais des défis persistants

Les parcours de soins sont aujourd’hui plus cohérents : meilleure coordination entre psychologues, psychiatres et professionnels somatiques, anticipation et meilleure gestion des crises. Toutefois, l’accès reste inégal — pénurie de praticiens formés, concentration des structures spécialisées et délais d’attente importants. Les avancées sont significatives, mais insuffisantes face aux besoins.

Conclusion

Les troubles dissociatifs sortent de l’ombre. La reconnaissance clinique progresse, les traitements se structurent et la science légitime les mécanismes en jeu, tandis que les personnes concernées trouvent une place centrale dans leur accompagnement.

Ces transformations promettent une prise en charge plus stable, plus humaine et plus efficace, susceptible d’améliorer durablement la qualité de vie.